La formation du futur gouvernement n’est manifestement pas étrangère à la polémique déclenchée depuis plus d’un mois sur les arriérés de paiement dans le domaine de l’habitat.
On connait maintenant l’origine des informations qui, depuis le mois d’avril dernier, ont été livrées à la presse nationale à propos des arriérés de paiements dans le secteur du bâtiment. L’équivalent de «plus de 1,2 milliards de dollars d’arriérés» avaient annoncé des sources non identifiées dès le milieu du mois dernier. Cette situation, qui pénaliserait très fortement les entreprises du secteur, serait à l’origine de l’arrêt de plusieurs chantiers et la cause des retards de livraisons de nombreux programmes financés par l’Etat ou les banques publiques, notamment le CPA.
Depuis hier, c’est un bilan, cette fois très officiel, dressé par le ministère de l’Habitat qui confirme cette situation. Selon un communiqué du ministère d’Abdelmadjid Tebboune «le manque de financements des travaux d’aménagement extérieur et de voirie entrave la livraison de 164 000 logements de différentes formules (location-vente, LPP, etc) à travers le territoire national». Par ailleurs, 185.000 logements, dont le taux d’avancement des travaux dépasse les 60%, pâtissent également du manque de financements, ajoute le communiqué rapporté par l’APS. Ces chiffres, indique l’agence de presse gouvernementale, sont tirés d’un bilan présenté lundi dernier lors d’une réunion d’évaluation présidée par le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune.
La formation d’un nouveau gouvernement en perspective
C’est donc à une mise en cause directe, et tout à fait inhabituelle, du ministère des Finances de M.Hadj Baba Ammi, à laquelle se livre le ministre de l’Habitat. Difficile de ne pas rapprocher ces informations de la période de tractations actuelles pour la formation d’un nouveau gouvernement dans le sillage des législatives du début du mois. De toute évidence, Abdelmadjid Tebboune n’a pas l’intention de payer les pots cassés et n’hésite pas à pointer clairement du doigt la responsabilité de son collègue de Ben Aknoun. Le ministère des Finances, par le biais des déclarations de plusieurs hauts fonctionnaires, a déjà répondu voici quelques semaines à ces mises en cause en indiquant en substance que «toutes les situations des chantiers à fin 2016 ont été liquidées. Les retards, qui portent uniquement sur les paiements au titre du premier trimestre 2017, doivent être réglés avant le mois de ramadan». M. Hadj Baba Ammi, qui est resté jusqu’ici très placide, se contentera-t-il de cette mise au point lapidaire face à l’offensive en règle menée par son collègue de l’habitat ? En tous cas la composition du futur gouvernement nous renseignera certainement sur les arbitrages rendus au «plus haut niveau» à propos de cette polémique entre deux membres du même exécutif.
Grosse livraison de logements AADL en mai et juin prochain
Cette polémique a au moins l’avantage de permettre la publication de nombreuses informations sur les chantiers et les pratiques en cours dans le domaine du logement. C’est ainsi qu’en plus des 360 000 logements en cours de réalisation au total, la «réunion d’évaluation» provoquée très opportunément par M. Tebboune fait état également de 9 850 logements de la formule location-vente distribués «sans que les travaux d’aménagement extérieur et de voiries soient exécutés». Ils sont situés dans quatre wilayas, «Batna (1 650), Tlemcen (700), Boumerdès (500) et Blida (7 000)».
Autre information très attendue par les souscripteurs au programme AADL: selon le communiqué du ministère de l’Habitat, les mois de mai et de juin 2017 verront la distribution d’un nombre total de 27 157 logements location-vente. 5 757 seront distribués en mai dans six wilayas, à savoir Mostaganem (444), Sidi Belabbès (732), Aïn Temouchent (224), Khenchela (657), Skikda (500) et Alger (3 200). 21 400 autres logements location-vente seront distribués en juin dans neuf wilayas : Alger (15.000), Annaba (1.500), Skikda (1.000), Tlemcen (750), Relizane (1.000) Tiaret (850), Mostaganem (400), Sidi Bel Abbès (400) et Oran (500).
Dans la plupart des cas , il est question de liquider «définitivement» le programme AADL, notamment à Alger qui concentre près de 70 % de ce programme lancé en 2001. Dans quelques autres cas, comme par exemple pour Oran, il s’agira en revanche des premières livraisons au titre du programmes AADL2.
Hassan Haddouche