Lutte contre la spéculation/ Tebboune multiplie les effets d’annonce

Redaction

A l’approche des élections législatives, le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, se place en pompier du gouvernement. Il multiplie les effets d’annonce concernant la flambée des prix des produits alimentaires.

Une nouvelle fois, le ministre du Commerce par intérim partage ses fantasmes avec le public, comme il le fait souvent en qualité de ministre de l’Habitat. Jeudi, il a réuni les cadres de son ministère pour annoncer la nécessité de «lutter contre la spéculation». Selon l’agence officielle APS, Tebboune souligne l’impératif de «poursuivre les spéculateurs, durcir le contrôle de la qualité et des prix, sanctionner les contrevenants et veiller à l’affichage périodique des prix des marchandises et au contrôle de leur application par les commerçants». Plus, il préconise «d’imposer des sanctions coercitives aux spéculateurs», mettant en avant l’importance de hâter la modernisation du secteur du commerce pour «une maîtrise optimale» des charges qui lui sont confiées et de procéder à la numérisation du registre du commerce et à sa modernisation afin «d’activer un mécanisme de contrôle rigoureux».

En fait, Abdelmadjid Tebboune ne fait que répéter ce que dit le gouvernement depuis prés de deux décennies. Lutter contre la spéculation et la concurrence déloyale ne font-elles pas partie des attributions du gouvernement ? Cela est bel bien consigné dans les textes. Mais dans la réalité, le prix de la pomme de terre, censé à être régulé par un système appelé Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation), qui consiste notamment à stocker des produits pour inonder le marché en cas de hausse anormale des prix, n’a rien pu faire cette fois-ci. Et pour tenter de faire diversion, les autorités annoncent l’arrestation d’un «spéculateur» qui aurait caché 21 000 tonnes de ce tubercule pour créer une situation de pénurie qui justifierait une hausse des prix.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement a recours aux effets d’annonce avant d’être confronté à la réalité. Plus récemment, c’est le Premier ministre en personne qui a justifié la hausse des prix de la banane par la spéculation avant d’opérer un rétropédalage en annonçant le retour à l’importation «contrôlée» de ce fruit !

La situation peut même se compliquer dans les mois à venir, notamment à l’approche du mois de ramadan. Et M. Tebboune devra faire parler ses talents de régulateur et non de marchand d’illusions.

Essaïd Wakli

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