L’Algérie célèbre, comme le reste du monde, la fin de la seconde guerre mondiale, qui coïncide officiellement avec le 08 mai de chaque année. Mais comme les Algériens sont beaucoup plus préoccupés par des soucis de la vie quotidienne, la commémoration de cet évènement, pourtant très important dans l’Histoire du pays, passe au second plan.
En plus des festivités officielles, seuls certains partis politiques se mettent de la partie pour commémorer cette journée, considérée comme un prélude au déclenchement de la guerre d’indépendance. C’est le cas du Front des forces socialistes (FFS) dont le premier secrétaire national, Mohamed Nebou, signe son retour à l’activité politique après deux semaines de convalescence. Il anime un meeting à Kherrata, dans la wilaya de Béjaïa. Ali Laskri, membre de l’instance de direction de ce parti, sera lui à Sétif, tandis que d’autres responsables de cette formation politique participent aux festivités qui ont lieu à Guelma.
C’était essentiellement dans ces trois villes que des dizaines de milliers d’Algériens -les chiffres officiels parlent de 45 000 morts- sont tombés durant le mois de mai 1945. La date signifiait, pour la majorité des pays européens, la fin de la deuxième guerre mondiale. Pour les Algériens, sortis fêter la défaite du nazisme et réclamer leur indépendance, la fête a viré au cauchemar. Pour avoir brandi, pour la première fois, le drapeau algérien, les militants algériens furent massivement massacrés. La répression qui a suivi les manifestations des Algériens fut tellement féroce qu’elle provoqua la mort de dizaines de milliers d’Algériens. Cette révolte s’est révélée être le signe précurseur de la grande révolution, puisque moins de dix ans plus tard, des militants nationalistes allaient déclencher la guerre d’indépendance.
Il reste que 71 ans après ces massacres, les victimes de la répression coloniale n’ont même pas de statut. Des milliers de jeunes, enfants, femmes et vieillards sont donc tombés sans pouvoir bénéficier du statut du martyr, réservé aux seuls morts de la guerre d’indépendance.
Essaïd Wakli