La directrice du quotidien arabophone El Fadjr, Hadda Hazem, compte entamer une grève de la faim à partir de lundi 13 novembre. Cette action radicale est motivée par la crise que vit actuellement son journal, privé de publicité publique par mesure de représailles contre ses positions politiques.
«Il s’agit de protester contre un pouvoir qui a décidé de nettoyer la scène médiatique de tous ceux qui dérangent», écrit Hadda Hazem, ce samedi, sur sa page Facebook.
Dans son post, la journaliste annonce qu’elle entamera une grève de la faim à partir de lundi. «Ça fait trois mois, jour pour jour, que le journal El Fadjr n’a pas eu de publicité publique. Les annonceurs privés, lâches comme ils sont, refusent aussi de nous donner de la publicité. La première question qu’on nous pose est celle de savoir quels sont nos rapports avec le pouvoir», affirme-t-elle, ajoutant que son journal ne peut être compté parmi les soutiens du régime et que c’est pour ça qu’El Fadjr fait face régulièrement à de telles représailles.
«C’est une mort annoncée et elle est très lente», dit-elle amère, ajoutant que cette hostilité manifeste de la part du régime est motivée par une intervention télévisée sur la chaîne d’information française France 24. La journaliste explique que son analyse sans concessions a dérangé des cercles obscurs, d’autant plus que le sujet du débat tournait autour des pôles du pouvoir en Algérie.
«Nous n’avons pas de quoi payer nos salariés. J’ai essayé de contacter des parties diverses pour trouver une solution. Nous nous sommes adressés au Premier ministre et au président de la République par correspondance, mais aucune réponse ne nous a été rendue», fait-elle savoir, ajoutant: «Celui qui veut notre tête est déterminé à ce que personne n’intervienne».
La directrice d’El Fadjr affirme qu’elle est prête à mettre sa vie en péril pour sauver son journal. «Je ne peux plus emprunter. J’ai vidé toutes mes cartouches et il ne me reste que la grève de la faim comme ultime moyen pour protester (…) ils vont réussir à tuer mon journal, mais ils ne réussiront jamais à casser ma plume ni à me faire taire. Nous vivons une période où les médias alternatifs sont puissants. J’en userai pour faire entendre ma voix», conclut-elle.
M.M.