La révélation de l’affaire du journal El Massa met en relief l’amère réalité de la difficulté dans laquelle se trouve la presse écrite aujourd’hui.
La tempête soulevée par le RCD, qui s’est plaint d’avoir reçu une offre commerciale d’un journal gouvernemental, a fait sortir de son silence le directeur du petit journal arabophone El Massa. Larbi Ouanoughi a en effet expliqué dans les médias que cette démarche répond à un impératif : son entreprise vit une situation financière délicate. Une situation qui exige de lui la recherche de nouvelles sources de financements.
En réalité, le journal El-Massa n’est pas le seul à vivre des difficultés financières. Horizons, autre quotidien gouvernemental, a bouclé une seconde année déficitaire, selon des sources internes à cette publication. Les salaires sont, certes versés, à temps, mais rien n’indique que ce journal paient, au même titre que d’autres médias, leurs factures d’impression ou les cotisations à la sécurité sociale. Et dans le lot des journaux gouvernementaux, seul El-Moudjahid et Echaab sortent un peu du lot. Les deux journaux bénéficient encore de suffisamment de publicité institutionnelle pour tenir encore quelques temps. Ce qui n’et pas le cas de journaux comme Horizons, El Massa ou encore Ennasr.
La crise ne touche pas que les journaux publics. Des journalistes du journal privé le Jeune indépendant ou encore ceux du groupe de Ali Haddad, le Temps d’Algérie et Waqt el Djazaïr, sont payés avec au moins deux mois de retard. Selon des journalistes y exerçant, les retards sont récurrents et deviennent même une pratique courante.
Ce que beaucoup ne comprennent pas, ce sont les critères sur lesquels la publicité institutionnelle est distribuée aux journaux. Une politique de deux poids deux mesures est dénoncée. Mais il faudra combien de fermetures de journaux pour que les autorités réagissent ?
Essaïd Wakli