L’ordre national des médecins et d’autres professionnels de la santé sont sous le choc. Et pour cause, le ministre de la Santé, en personne, a failli adopter un projet plus proche du charlatanisme que de la médecine. Abdelmalek Boudiaf a, en effet, reçu un médecin appelé Toufik Zaitete, originaire de Constantine qui fait croire à son monde qu’il est derrière l’invention d’un médicament miracle contre le diabète. L’homme a poussé le bouchon jusqu’à dire à la chaîne Echorouk TV qu’il a refusé le prix Nobel parce que «dans le contrat» qu’on lui a proposé, il est fait mention de « ne pas dire que c’est un médicament arabe » !
Dans une pétition diffusée sur Internet, des médecins s’insurgent sur cette légèreté. « Il s’agit là d’une dérive très grave, ce monsieur qui n’est en fait ni médecin ni chercheur a bafoué toutes les règles de déontologie et toutes les étapes nécessaires avant la commercialisation d’un médicament, à savoir les essais cliniques avec les différentes phases, l’autorisation temporaire d’utilisation et l’autorisation de mise sur le marché exigeant des avis d’experts après des études cliniques solides », écrivent-ils dans une pétition destinée au ministre de la Santé. «La vie de nos patients est en jeu ; de ce fait, nous le groupe de médecins lançons cette pétition dénonçant et condamnant fermement cette escroquerie et faisons appel à la vigilance de tous, la vie humaine n’a pas de prix. On lance un appel au ministre de la Santé, au président du Conseil national de déontologie médicale, à la Société algérienne de diabétologie pour qu’ils prennent leurs responsabilités», écrivent d’autres médecins.
De son coté, Lyès Merabet, secrétaire général du syndicat national des praticiens de la Santé publique, a dénoncé, dans une déclaration au journal El Watan Week end, « la légèreté avec laquelle le sujet a été traité, médiatisé et parrainé par le ministère. C’est aussi l’occasion pour rappeler le rôle de l’Agence nationale du médicament, créée par décret présidentiel depuis des années, mais qu’on n’arrive pas à mettre en place, et le grand retard accusé dans le domaine de la bio-équivalence des produits pharmaceutiques destinés à l’usage médical».
Entre temps, le médecin en question s’est rétracté dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux en insistant sur le caractère expérimental de son « invention ». Mais le mal est fait et des malades ont même commencé à arrêter de prendre de l’insuline.
Ce n’est pas la première fois que ce « médecin » défraie la chronique. Il a déjà « enregistré » un médicament contre la maladie de psoriasis. Pourtant, l’association nationale des malades de psoriasis insiste sur le fait que le médicament n’a aucun effet. Le ministère de la Santé n’a toujours pas réagi.
Essaïd Wakli