Plusieurs années après leur décès, les époux Chaulet sont enfin réhabilités. Une clinique algéroise porte le nom de Pierre, médecin qui a lancé le plan national de lutte contre la tuberculose après l’indépendance, et de son épouse, Claudine, sociologue.
Le nom de Pierre et Claudine Chaulet agrémente désormais le fronton de la clinique des grands brûlés, située au boulevard Louis-Pasteur, au cœur de la capitale. Ces combattants pour l’indépendance du pays méritent sans doute beaucoup mieux. La cérémonie de «baptisation» s’est déroulée, samedi, en présence des autorités locales de la wilaya d’Alger.
Médecin de formation, Pierre Chaulet a intégré, dès 1955, la lutte armée contre le colonialisme. Il a épousé la même année Claudine, qui deviendra, elle aussi, combattante pour la libération du pays. Le courage de la jeune dame l’a conduite à transporter, en pleine guerre, Abane Remdane dans sa voiture pour l’exfiltrer de la capitale en pleine bataille d’Alger, début 1957. Et pour ne pas éveiller les soupçons des militaires français, qui érigeaient des barrages sur la route menant d’Alger à Blida, Claudine Chaulet a pris le risque de mettre son bébé dans le siège avant de sa voiture, tandis que le dirigeant de la révolution était assis à l’arrière !
Quand à Pierre, il avait été contraint de quitter l’Algérie et de rejoindre Tunis où il a exercé en tant que médecin au profit du FLN. Il a, également, fait partie de l’équipe rédactionnelle du journal El Moudjahid que dirigeaient Abane Remdane et Rédha Malek. Après l’indépendance, Pierre Chaulet a formé la première équipe médicale chargée de lutter contre la tuberculose. Il a exercé comme médecin dans le secteur public jusqu’à sa retraite. Quelques mois avant son décès, il a édité un livre, coécrit avec son épouse, intitulé «Le choix de l’Algérie»,dans lequel sont relatées les péripéties vécues par le couple dont le destin s’est toujours confondue avec celui de l’Algérie !
Essaïd Wakli