Pour la première fois, une figure de proue du pouvoir nomme les pays censés être derrière les troubles qu’a connus le pays ces dernières années. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et Directeur de cabinet de la présidence de la République accuse publiquement la France et le Maroc d’être derrière les mouvements indépendantistes en Kabylie et dans le M’zab.
«C’est la France et le Maroc qui sont derrière le MAK et le Mouvement du M’zab», a affirmé Ahmed Ouyahia dans une interview accordée au quotidien El Khabar. «Les preuves existent. Je n’accuse pas le palais présidentiel en France ou le palais royal au Maroc, mais il y a des milieux dans ces pays qui tirent profit de la provocation de perturbations chez nous. Ce que je regrette est que mes compatriotes ont répondu à l’appel à la grève à Béjaïa sans connaître d’où il venait, de Sidi Bel Abbès, de Berlin ou du Danemark», a-t-il dit.
Interrogé sur l’instruction visant à interdire à Ali Benhadj de se déplacer dans le pays, Ahmed Ouyahia assume le fait de contourner la justice. Pour lui, l’essentiel dans cette affaire est que la décision est «dans l’intérêt du pays». «(…) je suis le serviteur de cet État. Quand l’État trouve indispensable de prendre une mesure dans l’intérêt du pays, il le fait sans aucune hésitation. Et quand le Président veut communiquer la mesure aux institutions de l’État, c’est son directeur de cabinet qui s’en charge. Avons-nous fait du mal à Benhadj ? Hacha Lillah. Ce qui nous intéresse n’est-il pas de garantir la sécurité de notre pays et de nos enfants en prenant des mesures qui permettent d’atteindre ce but ?», a-t-il indiqué. «La mesure contre Ali Benhadj a été prise en raison de ses déplacements dans les fêtes de mariage et dans les mosquées où il lance des déclarations, des paroles et des critiques. Il y a eu des réserves à son propos pour l’intérêt du pays. S’il est empêché de quitter le territoire de la wilaya d’Alger, il garde sa liberté. Il n’est pas prisonnier. Nous ne souhaitons à personne de subir ce genre de dispositions, mais nous sommes obligés de les appliquer lorsque la sécurité du pays est en danger», a encore expliqué le responsable.
Au sujet du décès de Mohamed Tamalt, auquel Ouyahia dénie la qualité de journaliste, le secrétaire général du RND estime que «la grève de la faim ne peut pas être utilisée pour faire pression sur la justice, sinon ce serait l’anarchie».
Essaïd Wakli