Le moins qu’on puisse dire c’est que cette année, la rentrée scolaire en Algérie est mouvementée. Après les jeunes lycéennes de Sebbala renvoyées pour défaut de port de foulard, voilà qu’un jeune écolier de 4ème année primaire dans une école de Bethioua subit des châtiments corporels pour avoir oublié sa blouse d’écolier. Son « instituteur » l’a sauvagement battu à l’aide d’un tuyau en caoutchouc. Sa voisine de table a subi le même sort également.
Sebbala est près d’Alger, Berhioua est près d’Oran. Les coupeurs de cheveux en quatre nous diront qu’il faut attendre des nouvelles de Constantine avant de tirer des plans sur la comète. Soit !
Rien donc ne nous autorise à penser pour l’instant, à une opération concertée confiée à une nouvelle police des mœurs fraîchement formée en Arabie Saoudite et chargée comme là-bas de « promouvoir la vertu et prévenir le vice » ( défense de rire ). Donc ni obsession ni paranoïa. Mais il est permis, devant la concordance troublante de ces initiatives d’un autre âge, de s’interroger sur la finalité de ces graves entorses au règlement et sur l’audace avec laquelle un agent de lycée et un enseignant prennent des libertés avec ce qui nous paraît sacré ; à savoir l’ensemble de l’environnement qui touche à l’éducation et à la formation de nos enfants et qui doit rester un sanctuaire, inviolable donc par définition.
Nous avons été les premiers à pointer la gravité de ce qui s’est passé à Sebbala. Nous avons décidé d’alerter l’opinion et les autorités sur l’extrême gravité de ce qui se passe à Bethioua. Il est tout simplement ahurissant d’imaginer qu’en 2016, chez nous, dans une école publique, un instituteur chargé de l’éducation de nos enfants, se permette de supplicier un jeune écolier de moins de dix ans.
C’est interdit par la loi, c’est sauvage et c’est lâche.
Lâche parce qu’un enfant ne peut pas se défendre ; sauvage parce que son maître l’aurait frappé avec tout ce qui lui tombait sous la main et enfin, parce que ce sont les mêmes individus qui ont recours à ce genre d’arguments qui ont mis le pays à feu et à sang durant la décennie noire, qui poussent les jeunes à se faire exploser et qui donnent de nous au monde entier l’image d’un peuple arriéré, violent et irrécupérable.
Comme pour Sebbala, on ne peut imaginer qu’un enseignant soit à ce point ignorant du règlement. Ignorant ou alors récalcitrant aux orientations de son ministère ou alors encouragé pour passer outre, convaincu que le rapport de force entre les défenseurs de la démocratie et lui, joue en sa faveur et qu’il peut par exemple,
Interdire aux élèves de coller sur leurs cahiers des images d’animaux. Décider de partager la classe en deux : filles d’un coté et garçons de l’autre,
Imposer aux garçons d’avoir le crâne complètement rasé, faute de pouvoir laisser pousser la barbe,
Et narguer ses supérieurs ainsi que les parents des élèves en expliquant clairement qu’il a établi lui-même son propre règlement et qu’il l’applique. Tel est le petit monde de l’instituteur de Bethioua.
Cela tient de la mutinerie et du sabordage. Il est temps que les responsables de l’éducation de nos enfants remettent bon ordre dans cette dérive tout simplement inimaginable. Lorsqu’un agent de lycée renvoie des jeunes filles de sa propre initiative, et lorsqu’un instituteur tabasse un enfant à coup de tuyau, les autorités n’ont d’autre choix que de sévir avec la plus grande rigueur ou alors de démissionner.
Affaire à suivre…
Aziz Benyahia