Imane Ferouan, la plus jeune ministre du gouvernement, a découvert la panacée aux problèmes d’Internet en Algérie : bloquer les sites pornographiques pour empêcher les Algériens de nourrir leurs fantasmes sexuels. C’est le nouveau combat de la ministre des TIC et de la Poste qui a demandé officiellement au gouvernement un cadre législatif lui permettant d’interdire aux Algériens l’accès aux sites X.
A l’entendre, c’est le seul problème dont souffre l’Algérie. « Le taux de navigation est à 80% sur ces sites qui rapportent de fortunes à leurs créateurs à l’étranger, alors que l’Algérie engage des sommes colossales pour garantir le haut débit d’Internet », a affirmé, sans sourciller, Imane Houda Ferouan devant les députés. Êtes-vous vraiment sérieuse madame la ministre? Le taux de pénétration de l’Internet en Algérie atteint péniblement les 28 %. Il est parmi les plus faibles et les plus chers du monde. La connexion est si lente qu’un internaute peut mourir de vieillesse avant d’ouvrir une page.
Que faites-vous pendant ce temps-là, madame la ministre ? Vous nous parler de sites pornographiques ! Il est utile de vous informer, madame, puisque vous semblez l’ignorer, que le Japon, l’Allemagne et la Suisse se retrouvent dans le top 10 des pays qui consultent et hébergent des sites porno. Cela n’a guère empêché ces pays de devenir des puissances mondiales hyper-développées. Dans ces pays, les ministres en charge des TIC n’épient pas leurs concitoyens et ne censurent pas l’objet de leur navigation sur la toile. Dans ces pays, les ministres développent leurs secteurs, créent des emplois, boostent les startups, facilitent les mécanismes de financement, défendent leurs entreprises à l’international.
Soyez sérieuse, madame ! Les Algériens ne vous paient pas 30 fois le salaires minimum pour régenter leur vie et leur dicter leurs penchants. Ils ne vous fournissent pas un logement à Club des Pins, des gardes du corps et des voitures de luxes pour ce type de postures paternalistes. Vous êtes au gouvernement pour agir afin de combler la fracture numérique dont souffre notre pays.
Aujourd’hui encore, pour obtenir un abonnement Internet, il faut être porté par des épaules larges parce qu’Algérie Télécom ne peut pas satisfaire la demande ! Oui, c’est la triste réalité de notre pays en 2016 et ce, au moment où le monde développé et moderne transforme Internet en un acquis social fondamental et se dirige d’un pas ferme vers la gratuité de laconnexion.
Madame la ministre, dites-nous plutôt ce que vous faites pour développer des contenus algériens. Au fait, savez-vous, au moins, ce qu’endurent les entrepreneurs algériens du web ? Madame, nous vous avons souvent vue faire le buzz en poussant des coups de gueule légendaires pour des histoires de colis postaux perdus ou ouverts. Mais, nous ne vous avons jamais vue crier votre colère parce que l’Algérie perd des millions et des millions d’euros par jour à cause des déconnexions itératives et l’absence d’un service de maintenance digne de ce nom. Nous ne vous avons jamais entendu crier votre rage parce que des investisseurs étrangers boudent notre pays en raison de notre retard technologique. Nous ne vous avons jamais entendue vous indigner parce que nos entrepreneurs les plus émérites quittent le pays à cause de l’incompétence et du mépris de votre administration.
Madame, des pays aussi pauvres que le Sénégal, le Rwanda ou le Malawi font beaucoup mieux que nous en matière d’accès à Internet et de création d’un contenu local à forte valeur ajoutée. Et vous, vous nous parler de quoi ? De sites X et de fantasmes sexuels interdits sur Internet ! Cessez de vous moquer de nous ou quittez votre poste qui semble bien au dessus de vos capacités. A moins que le but inavoué de vos déclarations est d’offrir des gages à ces islamo-conservateurs toujours à l’affût pour mettre en oeuvre leurs visions liberticides.