Non, Bouteflika n’est pas un personnage sacré Par Abdou Semmar

Redaction

Les grecs ont inventé la démocratie. Les Britanniques l’ont accommodée sans trop en modifier l’esprit pour en faire le modèle de gouvernance le moins mauvais, le moins injuste et le plus ouvert. Aucun système mis en place par l’homme ne garantit totalement la liberté d’expression, de culte et d’opinion.

Les régimes les plus démocratiques sont ceux qui offrent aux citoyens le plus de garantie dans le domaine de l’exercice de ces libertés à la condition qu’ils respectent les règles du jeu énoncés par leurs représentants qu’ils ont eux-mêmes élus librement pour voter les lois.

Dans le même temps, pour se prémunir contre les inévitables dérives inhérentes à la griserie du pouvoir, les citoyens se sont donnés des contre-pouvoirs, dont les plus redoutables et les plus en vues restent incontestablement les médias.

 

C’est un hebdomadaire satirique français, vivant exclusivement du produit de la vente au numéro, fermé à toute entrée publicitaire et reconnu pour être indépendant et libre, qui secoue depuis quelques semaines la cinquième puissance du monde et qui est sur le point de déjouer les pronostics concernant les prochaines élections présidentielles en France. Cela donne une idée de la puissance des contre-pouvoirs dans les pays démocratiques. On pourrait citer le Washington post qui a fait chuter Nixon etc…

 

Nous n’avons pas encore chez nous cette culture du contre-pouvoir. Pas à cause d’on ne sait quelle incompatibilité d’origine sociologique, mais parce que nous avons loupé le vrai virage démocratique au lendemain de l’indépendance. Au point que parler aujourd’hui de liberté d’opinion ou de liberté de la presse est assimilé par le Pouvoir à un appel à la subversion. L’apport positif de l’Occident dans ce domaine, disparaît inexorablement sous l’effet de l’obscurantisme Moyen-âgeux que tentent de nous imposer les nouveaux inquisiteurs formés en Péninsule arabique.

 

Un blogueur Redha Belgasmi a maille à partir avec la justice pour avoir critiqué le Président de la République. Naturellement notre solidarité lui est acquise au nom de la défense de ces libertés mais elle ne doit pas être automatique ni inconditionnelle.

 

Pourquoi ?

 

Parce qu’il faut être clair et irréprochable pour continuer à défendre ces libertés. Une loi existe. Elle doit être respectée. Si les écrits du blogueur tombent sous le coup de la loi, ce n’est ni la faute du blogueur ni celle du juge. C’est la faute au législateur qui a entériné une mauvaise loi « votée démocratiquement, par des députés élus démocratiquement ». Les guillemets sont là pour dire toute la supercherie utilisée par le Pouvoir en place pour museler tout simplement les médias. Par ce tour de passe-passe on arrive à faire passer toute dénonciation d’abus de pouvoir pour un appel à la rébellion et à la désobéissance civique.

 

Pour revenir à l’exemple de la Grande-Bretagne, il faut savoir que là-bas, n’importe quel citoyen peut dire tout le mal qu’il veut de son pays à la condition qu’il ne s’attaque pas directement à la personne de la Reine.

 

Nous n’avons aucun effort à faire quant à nous pour respecter la personne du Président de la République. Notre histoire, notre religion et nos traditions nous interdisent de nous moquer d’une personne en raison de ses imperfections physiques, sa race, sa couleur de peau, sa religion, sa famille. En revanche on doit pouvoir la critiquer ouvertement pour ses actions négatives, le non-respect de la loi ou son détournement au bénéfice d’idéaux inavoués et interdits par la loi.

 

Il appartient au législateur de lever toute ambiguïté dans ce domaine. La loi doit garantir la totale liberté d’expression et mentionner avec précision les limites à ne pas franchir, si tant est que les représentants du peuple au parlement, puissent agir librement, en leur âme et conscience.

Mais ceci est une autre affaire.

 

Abdou Semmar

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