Les ministres de l’énergie de l’OPEP et de pays extérieurs au cartel se réunissent, aujourd’hui jeudi 25 mai, pour décider des suites à donner à leur accord, entré en vigueur le 1er janvier, et par lequel ils ont réduit leur production cumulée de 1,8 million de barils par jour.
L’OPEP, selon la plupart des observateurs, devrait sans doute prolonger de neuf mois l’accord de réduction de la production, en vigueur depuis le début de l’année. L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, s’est déjà prononcée en faveur d’une telle extension destinée à rééquilibrer un marché mondial saturé et à empêcher que les cours ne redescendent en deçà des 50 dollars le baril.
L’Irak, le deuxième producteur du cartel, partage également ce point de vue et a dit lundi ne pas s’attendre à rencontrer d’opposition au sein de l’organisation pour prolonger cet accord censé expirer fin juin.
Le Koweït, allié traditionnel de l’Arabie saoudite, a cependant dit mardi que si tous les pays membres de l’OPEP étaient d’accord sur la nécessité de rééquilibrer le marché, toute décision d’une prolongation jusqu’en mars 2018 devait satisfaire l’ensemble des parties, encore que la plupart des délégués présents à Vienne s’attendent à une réunion sans difficulté particulière jeudi.
Le pétrole, quant à lui, reste porté par la perspective d’une prolongation, voire d’une amplification de l’accord d’encadrement de la production entre pays OPEP et non-OPEP. A près de 54 dollars le baril pour le Brent et plus de 50,70 dollars pour le brut léger américain, l’or noir a repris plus de 10% par rapport à ses plus bas du début du mois.
L’Algérie pour la création d’un «comité OPEP-non OPEP»
De son côté, l’Algérie propose la mise en place d’un comité OPEP-non OPEP d’évaluation du marché énergétique afin de renforcer la coordination entre les pays producteurs, a indiqué, mercredi à Vienne, le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, dans une déclaration à la presse.
La mission d’un tel comité, s’il venait à être créé, sera plus large que celle du comité ministériel de suivi de l’accord OPEP-non OPEP chargé uniquement d’examiner le niveau du respect des engagements des pays producteurs, a expliqué M. Boutarfa qui se trouve dans la capitale autrichienne pour prendre part à la réunion du haut comité de monitoring conjoint OPEP et non OPEP, ainsi qu’à la 172ème conférence ministérielle de l’OPEP et à la conférence ministérielle OPEP et non OPEP.
« Nous avons besoin d’évaluer le marché de manière plus globale et regarder l’impact de toutes les offres d’énergies, notamment les renouvelables ainsi que le gaz et le pétrole de schiste, afin de pouvoir discuter entre producteurs et voir quelles mesures peuvent être raisonnablement prises », a-t-il soutenu. M. Boutarfa a souligné, à ce propos, que plusieurs pays, notamment la Russie et l’Arabie saoudite, voyaient la proposition algérienne « d’un bon œil » et la trouvaient « intéressante ».
Pour «une fourchette de cours entre 50 et 60 dollars»
Concernant l’accord de réduction de la production, signé en décembre dernier à Vienne, par les pays OPEP et non OPEP, le ministre a constaté qu’il avait commencé à influencer le marché physique, mais devrait continuer au-delà de décembre 2017 pour atteindre pleinement ses objectifs.
« Les résultats de l’accord ont mis du temps. L’augmentation des prix sur les trois premiers mois de 2017 s’explique plus par l’effet psychologique de l’accord que par un effet réel du marché. Les fondamentaux du marché n’ont pas vraiment été modifiés durant ces mois, mais maintenant oui, le marché physique commence à répondre », a-t-il soutenu.
Selon le ministre, l’impact de l’accord va être ressenti davantage, au regard des indices hebdomadaires des stocks pétroliers qui ont nettement chuté ainsi que de l’augmentation de la demande attendue sur les mois prochains.
Cette tendance s’explique notamment par le niveau « appréciable » du respect des engagements des pays concernés par cet accord, en vigueur depuis janvier 2017, et qui a atteint 92% par les producteurs hors OPEP et 100% par les producteurs OPEP.
« C’est un résultat très positif », s’est-il réjoui, en rappelant que « certains croyaient que l’accord n’allait pas être respecté ».
L’objectif visé « immédiatement » est de maintenir les cours de pétrole entre 50 et 60 dollars, a fait valoir M. Boutarfa, en expliquant qu’en Algérie, « nous avons toujours dit qu’avec cette (fourchette des cours), on serait heureux. On verra par la suite comment va évoluer le pétrole de schiste ».
Hassan Haddouche