L’effet conjugué de la surpêche et de la pollution a sérieusement altéré le potentiel halieutique national. Le président du Comité national des marins pêcheurs et des poissonniers, Hocine Bellout, dénonce un «déficit de contrôle de la part des services concernés».
Selon Hocine Bellout, si les prix des poissons ont baissé ces derniers mois, c’est en raison de leur petite taille, les pêcheurs se rabattant sur des spécimens juvéniles, par suite de l’amoindrissement des bancs, résultat d’une pêche intensive et de la pollution. Il signale que le non-respect des tailles marchandes du poisson pêché représente une menace directe sur différentes espèces empêchées d’atteindre leur maturité et entravant ainsi leur cycle de reproduction.
« En voie d’extinction »
Alors, ajoute-t-il, que la taille minimale fixée pour la sardine est de 11 cm, il est devenu habituel d’en trouver sur les marchés des quantités dont la longueur ne dépasse pas les 4 cm, une situation qui en a fait une espèce «en voie d’extinction».
L’exemple de la sardine n’est pas le seul à être cité. M. Bellout fait état d’autres espèces de poissons, atteignant 5 ou 6 cm proposés en quantités sur les étals des mareyeurs.
Les pêcheurs, dit-il, ne font pas cas des périodes de repos biologique, certains parmi eux s’adonnant couramment à la pêche à la dynamite, utilisant des filets interdits ou ne respectant pas les tâches marchandes de leurs prises.
Hocine Bellout indique que la pêche à la dynamite est pratiquée tout le long de la côte allant de Bou Haroun (Tipaza) à Ghazaouet (Tlemcen).
Il affirme, d’autre part, que les filets interdits à la pêche, tel les dérivants, ceux à quatre bras, invisibles ou dont la grosse taille des mailles sont largement utilisés, en dépit de leur interdiction par la loi.
A propos du non-respect des périodes de repos biologique, M. Bellout prévient que celui-ci présente un grand danger pour la pérennité des espèces, pouvant à terme provoquer leur extinction, les patrons de chalutiers n’hésitant pas à pêcher durant les périodes de ponte.
Durant cette période, s’étalant du 1 mai au 31 août, les pêcheurs, affirme-t-il, n’épargnent pas les fonds marins, y chalutant même dans la zone où les poissons viennent déposer leurs œufs.
Le directeur de la Pêche et de l’aquaculture au ministère de l’Agriculture, Taha Hemmouche, tente de tempérer les propos de M. Bellout en assurant que les sanctions contre les pêcheurs contrevenants ont été durcies, « ce qui, déclare-t-il, a fait reculer le nombre de délits ».
194 espèces menacées
Parmi les autres phénomènes mettant en grand danger la pérennité de la faune marine le long de la façade maritime algérienne, le président du Comité national des marins-pêcheurs et poissonniers fait part de l’action «destructrice» de la pollution. « La pollution, alerte-t-il, est en train de faire un ravage au sein de l’écosystème marin », citant en exemple les nombreux cours d’eaux charriant détritus et polluants se déversant en mer. « La toxicité qui en découle extermine les espèces, ou les poussent à fuir, telle la sardine, très sensible à la pollution et qui a migré en grand nombre vers d’autres eaux ».
M. Bellout met également en cause les déversements d’hydrocarbures provoqués par les 12 500 navires transitant au large du littoral national.
Il prévient qu’en raison des atteintes de toute nature dont elles continuent à être l’objet, les quelques 194 espèces de poissons et 600 d’algues risqueraient, à terme, de complètement disparaître, si des mesures de prévention ne sont pas diligentées pour les protéger.
L.R./APS