Une campagne d’intimidations visant les chiites algériens fait actuellement rage sur les réseaux sociaux. Des messages anonymes de menaces sont régulièrement postés. Leurs auteurs exhibent des plaques et des épaulettes de la police, de la gendarmerie, de l’ANP et même des gardes communaux.
«Nous sommes les descendants des compagnons du prophète et il n’y a pas de place pour le chiisme en Algérie», cette sentence, d’une grande brutalité, traduit une intolérance manifeste. Il n’en demeure pas mois qu’elle est l’une des plus modérées contenues dans des groupes Facebook à l’image de « Kanet El-Ttaouhid wassouna », littéralement la chaîne de l’unicité et de la sunna – Algérienne, qui véhiculent sans interruption des contenus hostiles à la minorité chiite algérienne.
A croire leurs auteurs, ces posts seraient le fait de gendarmes, policiers, militaires et autres membres des corps constitués. Le procédé suivi est de publier anonymement des messages menaçants et haineux inspirés des discours obscurantistes des cercles salafistes. Ces messages rédigés sur du papier sont ensuite pris en photo contenant des badges et des grades de membres de corps de sécurité.
Ce n’est pas seulement les chiites algériens qui sont ciblés dans la mesure où même les gens qui prennent leur défense au nom des droits de l’homme sont également dans le collimateur. Les journalistes et les militants des droits de l’homme sont d’ailleurs systématiquement traités de traîtres, d’apostats et d’ennemis de l’islam. Ces publications font quasiment toutes référence au prédicateur salafiste algérien Ali Ferkous.
Dans les milieux universitaires, on s’inquiète de plus en plus de ce phénomène. On impute cette hyper-intolérance au régime et à la doctrine xénophobe, de intolérante, du raciste et extrémiste inséminée dans le corps social.
Cette campagne d’intimidation est passée à une étape supérieure, notamment dans le cas de l’ancien député et conseiller au ministère des Affaires religieuses, Adda Fellahi. Ayant condamné ces messages de haine, M. Fellahi fait l’objet, en effet, d’un véritable lynchage. Il affirme avoir été explicitement menacé de mort à plusieurs reprises, ce qui l’a poussé à adresser une lettre au directeur général de la sûreté nationale le général Abdelghani Hamel. Aucune réponse ne lui a été rendue pour l’heure.
M.M.