Préjugés, racisme et intolérance/ Leur télévision et la Notre par Aziz Benyahia

Redaction

La télévision canadienne a diffusé une séquence très intéressante que vous pouvez visionner en cliquant sur ce lien.  On est effectivement frappé par la qualité pédagogique et le souci d’objectivité des journalistes canadiens dont la réputation n’est plus à faire. Il s’agit en fait d’une simple information bien documentée qui a le mérite de préciser les choses pour mieux comprendre l’actualité et les événements dans le monde. Mais elle est tellement rare lorsqu’il s’agit de sujets sensibles qu’on se prend à espérer que cette liberté et ce courage contaminent un certain nombre de pays dont le nôtre précisément.

 

Il n’est pas incongru de penser que l’ENTV qui dispose de moyens importants puisse elle aussi, produire un certain nombre de programmes ( radio, télévision, documentaires…) qui auraient l’avantage d’une part, de suppléer l’incompétence ou l’insuffisance de notre système éducatif et d’enseignement, et d’autre part de participer d’une certaine manière à éclairer le public et à corriger un certain nombre d’erreurs ou de contre-vérités dont il est victime. Sans compter que cela nous habituerait aussi à un peu plus de rigueur dans notre travail.

 

Car nous avons été habitués à négliger ou à oublier le rôle éducatif de la télévision pour la simple raison qu’elle a toujours été considérée comme un instrument au service du Pouvoir. Notre télévision nationale est toujours perçue à juste titre comme un outil de propagande officiel et au mieux comme un outil de divertissement médiocre et boudé de ce fait par la majorité des téléspectateurs qui lui préfèrent les chaines privées nationales et les télévisions étrangères.

 

Mais cette situation n’est pas une fatalité si ensemble, nous exigeons une prestation de qualité dans au moins deux domaines importants : l’information et la culture.

 

Pour ce qui concerne l’Information, il faut être réaliste et ne pas s’attendre à un changement fondamental qui n’arrivera jamais, mais exiger plus d’esprit critique et plus d’ouverture. Etre à l’écoute des citoyens, dénoncer la gabegie et les abus et ne pas infantiliser le public algérien quand on sait qu’il peut s’informer à tout moment grâce aux télévisions étrangères. Accepter la pluralité et le dialogue constructif avec les médias privés nationaux, seule solution objective et juste pour installer un débat sérieux et constructif.

 

Pour ce qui concerne la Culture, il y aurait tellement de critiques à faire qu’une seule rubrique n’y suffirait pas. Nous suggérons pour l’instant un certain nombre de thèmes faciles à traiter et qui relèvent de la compétence de nos propres talents qu’il suffit de solliciter. Ce faisant, on bénéficiera d’une offre pédagogique et éducative indispensable à l’épanouissement de nos enfants.

 

Exemples :

 

Expliquer que les Sunnites et les Chiites sont des Musulmans, comme les Catholiques et les Protestants sont des Chrétiens,

Que seuls 20% des musulmans sont arabophones,

Que le Wahhabisme est une interprétation particulière de l’islam par la famille Al-Saoud en péninsule arabique ; c’est à dire à peine 1% des musulmans.

Que le Salafisme est une vision rétrograde de l’islam que l’Arabie Saoudite veut imposer au reste des musulmans,

Que le Jihad en islam n’a rien à voir avec le terrorisme,

Que l’islam est contre l’asservissement de la femme,

Qu’il faut une lecture raisonnée du Coran,

Que tous les juifs ne sont pas sionistes,

Qu’il n’existe pas de race arabe et qu’être arabe c’est d’abord être arabophone,

Que la majorité des grands penseurs et réformateurs de l’islam ne sont pas arabophones,

Que l’Algérie et le Maroc sont des terres berbères mais pas seulement,

Que revendiquer un patrimoine culturel autre qu’arabe ne signifie pas rejet de la civilisation arabo-musulmane ; bien au contraire,

 

Ces questions et tant d’autres peuvent être traitées scientifiquement, objectivement et calmement. Il suffit de s’adresser aux spécialistes et d’imposer une rigueur totale dans le travail de recherche et d’explication. Le Pouvoir ne court aucun risque à exiger de ses agents un travail pédagogique de qualité. Bien au contraire, il en tirerait tous les bénéfices puisqu’il se mettrait à l’abri des contre-vérités, des manipulations et du mensonge.

 

Est-ce irréaliste ? Est-ce trop demander au Pouvoir politique ?

 

Aziz Benyahia