Des crédits colossaux ont été octroyés par la banque Khalifa à des tiers, notamment les filiales du groupe, sans le moindre justificatif. C’est ce qui a causé la faillite de cette banque. C’est l’affirmation émise ce matin au tribunal de Blida par Mohamed Djellab, ancien ministre des Finances, nommé en 2003 par la Banque d’Algérie (BA) en tant qu’administrateur de Khalifa Bank.
La banque «ne disposait pas de commission dont la mission, normalement, est d’octroyer ces crédits sur la base de dossiers, lesquels n’existaient pas non plus», a déclaré celui-ci devant le juge. Ce qui a crée un «très grand déséquilibre». Pour étayer ses dires, Djellab dira que les actions détenues par la banque Khalifa dans le holding luxembourgeois Fiba, estimé à 8 millions de dollars, n’existaient pas dans la comptabilité de la banque.
Abdelmoumen Khalifa avait racheté des parts dans ce holding pour entrer dans le capital de Société générale Algérie (SGA) dont l’un des actionnaires était justement le holding Fiba. Mais les anomalies et infractions ne s’arrêtent pas là.
«Les plus gros consommateurs des crédits étaient les filiales du groupe dont Khalifa Airways et Khalifa construction, eux-mêmes actionnaires au niveau de cette banque, qui avaient consommé prés de 60 milliards de DA alors que la réglementation n’autorise qu’à hauteur de 100 millions de dinars», a encore ajouté l’ancien ministre des finances, avant d’ajouter : «Les deux filiales ne prenaient pas de crédits, mais plutôt procédaient au retrait de l’argent atteignant un seuil interdit par la loi».
Plus loin, Djellab indiquera qu’ «il est vrai que Khalifa Bank n’avait pas atteint une situation de cessation de paiement, mais elle passait par une situation très difficile qui nous obligeait à prendre des mesures spécifiques».
Pourquoi alors décréter la faillite ? Le témoin n’en dira pas plus, affirmant seulement que c’est la réglementation qui a été appliquée et qu’il n’était pas là pour commenter une décision «souveraine».
Elyas Nour