Dans un communiqué publié vendredi la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) indique que « près de 1.400 migrants ont été arrêtés sur décision du Wali d’Alger dans plusieurs quartiers de la capitale durant la journée de jeudi 1erdécembre 2016. On apprend aussi que parmi les personnes arrêtées figurent des « enfants », des « femmes enceintes », des « malades ». Certains sont en « situation irrégulière » et d’autres sont « demandeurs d’asile et réfugiés ». L’organisation dénonce les « conditions de vie désastreuses et indignes…les arrestations massives et leur rétention arbitraire et violente ».
Qui aurait pu penser que cela arriverait un jour chez nous, dans un pays qui a connu les mêmes affres durant la guerre de libération, et qui sait ce que souffrir veut dire ? Qui aurait pu imaginer un instant, qu’on utiliserait les mêmes termes et qu’on emploierait les mêmes méthodes que nos tortionnaires d’hier ?
Sommes-nous tombés tellement bas au point de perdre un reste d’humanité qui nous aurait fait perdre la raison ? Nous voilà donc en train d’organiser des rafles, alors que ces réfugiés sont chez nous depuis des années. Nous avons le temps et les moyens d’organiser leur rapatriement – si telle est la solution ultime – mais dans les meilleures conditions de respect de la dignité humaine et avec la compassion due à des hommes et des femmes dont le seul tort est d’être nés dans des pays maudits par le sort à un moment de leur histoire.
On nous dit dit qu’ils ont été violentés, malmenés, battus et accusés de tous les maux. Le plus grave dans ce déferlement de xénophobie pour ne pas dire de haine, c’est la justification de cette déportation d’un autre âge par des arguments dont l’horreur restera indélébile.
Pensez que c’est le « Président de la Commission Nationale Consultative pour la Protection des Droits de l’Homme » en personne, ( oui vous avez bien lu !) qui déclare sans honte que les Algériens « sont exposés au risque de la propagation du Sida ainsi que d’autres maladies sexuellement transmissibles à cause de la présence de ces migrants ». Monsieur Ksentini ajoute que « ces maladies sont considérées comme quelque chose d’habituel et de normal par cette communauté… » et que ces migrants sont « responsables de la propagation de ces maladies en Algérie ». Et enfin, pour enfoncer le clou, il ajoute : « J’ai dit la vérité, ces migrants ont été porteurs de beaucoup de maladies en Algérie » et il leur reproche de « se livrer à la mendicité, délit puni d’emprisonnement par la loi ».
Voilà, nous avons sous les yeux un florilège de propos hallucinants dans la bouche d’un avocat élu pour sa sensibilité aux drames humains ; le plus humain en somme et le meilleur de tous les candidats à ce poste. Mérite-t-il qu’on débatte avec lui après ces propos que Le Pen n’avait pas encore osé au sujet des migrants ? Assurément non ! sauf sur un seul point, pour pointer son ignorance de choses élémentaires.
Dites à monsieur Ksentini, que :
1° Le Sida existait chez nous bien avant l’arrivée des réfugiés sub-sahariens, qu’il fait des ravages et qu’on évite d’aborder le sujet pour des raisons de paix sociale et d’hypocrisie collective.
2° Le Sida se transmet par le sexe, la salive et le sang. Ce qui suppose soit une relation sexuelle, consentie ou violente ( relation sexuelle libre sans précaution, prostitution ou viol ), soit un contact sanguin involontaire ( accident ) ou par négligence ( transfusion sanguine ).
3° Le Sida peut être détecté par des tests et dans ce cas précis, on aurait dû faire subir les contrôles médicaux indispensables à tous les réfugiés en provenance de régions dont la situation sanitaire est avérée défaillante ( guerre, épidémie etc…). Or nous sommes dans ce cas.
Si donc monsieur Ksentini rend les migrants responsables de la transmission du Sida, c’est qu’on à laissé se développer la prostitution clandestine, recherché les parties fines avec des populations exotiques, et que somme toute, cela devait faire l’affaire de beaucoup de personnes, puisque c’est beaucoup plus tard qu’on découvre le pot aux roses, pour ainsi dire.
Enfin quant à l’argument de la mendicité, est-ce nécessaire de le relever, tellement il est ridicule. Nos prisons ne suffiraient pas à caser les nôtres, bien blancs, bien de chez nous et sains et innocents, bien sûr. Reste enfin la question de la responsabilité des Autorités. Dire qu’elle est entièrement engagée est un doux euphémisme. Et comme plus rien ne nous surprend, entre les déclarations de la Ministre de la condition féminine qui veut reverser les salaires des femmes de ministres pour sauver nos finances, l’appel très sérieux de monsieur Amar Tou ex-ministre pour un 5ème mandat de l’actuel Président, et enfin les déclarations de la supposée Sentinelle pour la « défense des droits de l’homme », alors continuons à nous battre avec nos faibles moyens. Il faudra bien qu’arrive le grand soir.
Abdou Semmar