Remaniement ministériel en vue/ Sellal et les « barons » du gouvernement menacés

Redaction

Depuis plusieurs jours, plus d’une dizaine de ministres ne dorment plus que d’un seul œil. Un remaniement est en vue et plusieurs « barons » du gouvernement sont sous la menace d’une sévère sanction de Bouteflika. 

Une nouvelle équipe est sur le départ, une autre frappe à la porte. Abdelaziz Bouteflika s’apprête à faire un grand changement pour donner un coup d’accélérateur aux réformes dont a besoin le pays en proie à une terrible crise financière. C’est pourquoi avec le remaniement ministériel en vue, le gouvernement est totalement paralysé. Presque aucun ministre ne prend la moindre initiative. Chaque membre du gouvernement attend impatiemment son sort reléguant ainsi le sort du pays au second plan.

On évoque un possible départ massif de ministres emblématiques du gouvernement. A leur tête, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui-même, qui ne fait plus l’unanimité à la Présidence de la République. Selon nos sources, Sellal aurait lui-même demandé à partir parce qu’il ne se sent plus en mesure de gérer les affaires du pays. A son entourage, Sellal aurait confié qu’il n’en peut plus des bâtons qu’on lui met dans ses roues. L’actuel Premier ministre se plaint des conflits claniques qui minent son équipe. Les tensions qui caractérisent ses relations avec le ministre de l’Industrie, Abdesslam Bouchouareb, font beaucoup de tort à la stabilité du gouvernement.

Bouchouareb tente toujours de jouer au « cavalier solitaire » et fait fi de l’autorité de Sellal pour imposer sa vision de la gestion des affaires économiques. A la Présidence de la République, le conflit Bouchouareb-Sellal inquiète et irrite. Les mauvaises relations entre les deux hommes prennent une tournure alarmante au point où chacun tente de comploter contre l’autre pour provoquer sa chute. L’incident du Forum africain des Affaires et des investissements en est la parfaite illustration. Au delà de la bourde protocolaire, Sellal a manifesté publiquement sa colère contre Ali Haddad et les autres hommes d’affaires qui soutiennent activement Abdesslam Bouchouareb.

Cette guerre des tranchées entrave le fonctionnement du gouvernement et la mise en application de la feuille de route élaborée par  les experts de la task-force, qui se trouve toujours dans les tiroirs du bureau de Sellal. Ce dernier affirme à ses proches qu’il ne dispose pas de la marge de manœuvre nécessaire pour la mettre en oeuvre puisqu’un « pouvoir parallèle » au sein du gouvernement,  celui de Bouchouareb,  empiète sur ses prérogatives. Selon nos sources, Sellal a tenté à maintes reprises d’écarter Bouchouareb, mais ce dernier revient toujours en force parce qu’il bénéficie du soutien des oligarques et de Saïd Bouteflika.

Cependant, le ministre de l’Industrie n’est pas, pour autant, à l’abri de la sanction. Son départ est également évoqué car la Présidence souhaite un homme fédérateur, propre et qui ne traîne aucune « casserole » pour redémarrer la machine économique et attirer les investisseurs internationaux. D’autres poids lourds devront également plier bagages, à l’image du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, dont la gestion catastrophique de la polémique sur le « RHB » a énormément entaché l’image de l’Algérie. Certains autres ministres devront être débarqués en raison de leur bilan médiocre, à l’image de la ministre de la Poste et des Technologies, Houda-Imane Feraoun. Le ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, ne devrait pas, non plus, faire partie du prochain gouvernement en raison de son état de santé précaire.

En revanche, deux ministres sont très appréciés en ce moment par la Présidence de la République et leur nom est évoqué pour prendre le poste de Premier ministre au cas où le départ de Sellal venait à se confirmer. Il s’agit du ministre de l’Habitat, Abdelmajdid Tebboune, et du ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui. Ces deux hommes devraient jouer un rôle important dans le prochain gouvernemental et chacun d’entre-eux devrait bénéficier d’une promotion. M. Bedoui, originaire du sud du pays, présente l’avantage d’être un homme qui n’obéit à aucune chapelle politique et pourrait incarner, aux yeux de la Présidence, le renouveau du gouvernement. En revanche, Tebboune souffre quelque peu de sa proximité avec le sulfureux Amar Saâdani.

Pour l’heure, les rapports de force au sommet du pouvoir n’ont pas encore débouché sur une nouvelle configuration du prochain gouvernement. Toutes les cartes sont sur le bureau d’Abdelaziz Bouteflika et ses proches conseillers. Un changement radical d’hommes et de méthode devient une nécessité vitale. Mais sera-t-il suffisant pour sortir le pays de l’ornière?

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