Tout pour les riches, tout contre les pauvres Par Abdou Semmar

Redaction

L’Algérie de 2016 ressemble étrangement à la Russie de Boris Eltsine des années 90. Dans notre pays, ces dernières années, des lois sont faites pour satisfaire aux desideratas de certaines personnalités de premier plan du monde des affaires,  en lien avec le pouvoir politique, et qui se sont enrichies après le démantèlement de l’économie dirigiste et les couacs de la transition économique anarchique qui s’en est suivie. 

On les appelle les oligarques. L’influence des 300 ou 400 hommes d’affaires les plus riches d’Algérie sur le pouvoir politique est grandissante. Ils ont la haute main sur le processus d’élaboration des lois les plus déterminantes pour l’avenir du pays. Prenons l’exemple de la prochaine loi de finances de 2017. Elle sera, sans doute, la plus dure et la plus austère de l’histoire de notre pays. Mais, son âpreté ne va toucher que les couches les plus fragiles de la population.

Le législateur envisage d’augmenter la TVA d’au moins deux points pour atteindre les 19 % sur les produits de large consommation. Cette mesure portera directement préjudice au pouvoir d’achat du simple consommateur déjà considérablement érodé. Elle sera économiquement catastrophique car, non seulement elle va  nuire au pouvoir d’achat des Algériens, mais fera en sus le bonheur du marché informel lequel va attirer les consommateurs pauvres en quête de produits à leur portée. Les barons de l’informel vont donc conforter leurs fortunes et l’économie formelle va encore sombrer dans ses dysfonctionnements.

Sans aucune étude d’impact, le législateur algérien prévoit pour 2017, des taxes sur l’achat de véhicules d’occasion et la location de logements. Des taxes qui porteront un coup fatal au pouvoir d’achat des plus modestes des Algériens.

Par contre, aucune mesure n’a été prise à l’encontre de ceuxqui détiennent les fortunes les plus importantes d’Algérie. Pourtant, l’Etat algérien aurait plus à gagner à soutirer de l’argent aux plus riches au lieu d’écraser les plus pauvres.

En effet, un simple impôt sur la fortune pour taxer les riches qui possèdent un patrimoine dépassant les 100 millions de DA aurait permis à nos autorités de récupérer un bon pactole. Cependant, comme dans la Russie de Boris Eltsine, le politique n’osera jamais s’en prendre au patrimoine des fortunés avec lesquels il entretient des liaisons autant immorales que dangereuses. Et au lieu de s’intéresser aux grosses propriétés immobilières de nos oligarques, le législateur préfère taxer les petites habitations destinées à la location pour étouffer encore plus les plus indigents d’entre nous.

Une simple étude d’impact permet de comprendre qu’une taxe sur les grosses propriétés dépassant les 200 m2 peut rapporter des fonds considérables aux caisses de l’Etat. Or, ce dernier, ferme les yeux devant ceux qui collectionnent les superbes villas à travers toute l’Algérie. Des constructions gigantesques sur lesquelles nos oligarques ne paient aucun impôt. De plus, ce secteur sombre de l’immobilier est une parfaite machine à laver les fortunes douteuses.  Le dernier des politiques algériens est conscient de cette amère vérité.  Malheureusement, personne ne veut changer cette équation où l’oligarque, le riche, le fortuné, « moul chkara », est toujours gagnant. Parce que le pouvoir le veut bien…

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