Après des mois de mutisme, Saïd Sadi effectue sa première sortie médiatique en animant, ce mardi matin, une conférence-débat au siège du quotidien Liberté.
Connu pour son éloquence et son sens de la répartie, le docteur Saïd Sadi, qui a démissionné de la tête du RCD en 2012, a donné le ton dès le début de sa communication. « Mon propos est celui d’un citoyen inquiet. La situation est compromise pour l’avenir de la nation. Les pouvoirs parallèles supplantent les pouvoirs réels. Une tripartite vient de se dérouler en excluant des syndicats qui paralysent des secteurs entiers. Le système connaît parfois des conflits, mais la conduite reptilienne développe des réflexes pour la survie de l’espèce », a-t-il dit.
Faisant allusion aux personnalités nationales, comme Mouloud Hamrouche et Ali Benflis, Saïd Sadi estime que « tous les candidats refusent le 4e mandat. Quelle différence entre celui qui dit je veux pas laisser ma place et celui qui dit j’y vais malgré tout ? Quelle différence entre un homme du système qui veut rester au pouvoir et celui qui dit je ne veux pas me présenter si le système à un candidat ? Comment appeler à un contre-pouvoir et en appeler l’armée ? Ceci est un putsch! ».
Plus loin, l’ancien président du RCD ne veut même pas faire cas de la candidature de Bouteflika. Selon lui, le chef de l’Etat « a commis tellement de catastrophe qu’il ne faut l’attaquer sur des détails réglementaires ». Pis encore, à ceux qui proposent le report des élections, l’homme politique propose que « le peuple doit se mobiliser pour discréditer cette élection. On laisse Bouteflika se présenter seul et devenir le président de lui-même ».
Il assènera, en suite, en disant ne pas comprendre « comment un candidat se présente avec des institutions fermées. Sauf si ces candidats ont des relations avec ces parties qui distribuent les quotas. Sinon ce sont des fous ! »
Revenant sur le débat sur la présence du DRS dans la classe politique, l’ancien militant des libertés démocratiques durant la période du parti unique, s’est interrogé : «Comment déplorer les critiques contre le service secrets et tolérer les attaques contre des institutions ? Personne ne demande à divulguer la liste des agents du DRS. Il faut que les citoyens exigent que le DRS soit sous tutelle d’une institution. Le débat actuel est dangereux, bâti sur le tabou. » Pour l’orateur, le conflit entre Bouteflika et le DRS est «peut-être un problème de partage de la rente ».
Essaïd Wakli