Santé publique/ Un professeur qualifie les pénuries de médicaments de trahison à la mémoire des martyrs

Redaction

Les patients continuent à souffrir du manque de médicaments dans les hôpitaux algériens. Si, jusque-là, les plaintes provenaient essentiellement des patients et de leurs familles, cette fois-ci, c’est le professeur Kamel Bouzid, chef de service Oncologie du Centre Pierre et Marie-Curie d’Alger qui élève la voix pour dénoncer les défaillances de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et ceux du ministère de la Santé.

En effet, selon le professeur, ces derniers sont responsables de pénuries de certains médicaments, notamment ceux destinés aux cancéreux.  «Je ne vais plus me taire. Nous avons saisi à plusieurs reprises ces responsables, mais en vain. C’est nous qui faisons face à ces pauvres patientes qui n’ont pas choisi de tomber malades. Elles n’ont même pas de quoi se payer un maquillage waterproof pour cacher les larmes qu’elles versent tous les jours. C’est une trahison à la mémoire de nos martyrs, eux qui étaient une poignée d’hommes qui ont libéré notre pays pour que nous, citoyens, puissions vivre dans la dignité et, malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui», déplore le célèbre médecin, cité par le quotidien El Watan.

Plus précis, le professeur rappelle que s’il exprime ce coup de gueule, c’est parce que ces institutions de l’Etat traînent la patte. «Cela fait 15 jours qu’on nous informe que le problème est réglé. Finalement, sur les 500 boîtes demandées pour répondre aux besoins de ces patientes, seulement 30 ont été livrées et elles ont été épuisées en deux jours. Comment allons-nous faire face à nos patientes qui sont déjà fragilisées par la maladie et maintenant, par l’absence de traitement», s’est-il indigné, rappelant que d’autres protocoles et des molécules indispensables au traitement des malades cancéreux ne figurent même pas dans la liste des médicaments commandés par le ministère de la Santé pour l’année prochaine.

Les critiques du Pr Bouzid sont partagées par l’association El Amel des malades cancéreux. «Parfois ces ordonnances comportent des médicaments de chimiothérapie de base qui sont en rupture dans les hôpitaux de certaines wilayas du pays. Nous tentons de régler le problème avec les responsables au niveau des hôpitaux, mais ce n’est pas toujours facile. Le problème se pose effectivement pour de nombreux patients», indique l’association.

En tout, ce sont une cinquantaine de médicaments qui manquent dans les officines et même dans certaines structures hospitalières.

Rania Aghiles