Le début, lundi, des plaidoiries dans le procès Khalifa lève le voile sur un certain nombre de sujets. La responsabilité de la Banque d’Algérie est particulièrement mise en exergue par certains avocats.
Ainsi l’avocat Hamid Bouitane Tayeb, qui défend deux accusés, à savoir Mimi Lakhdar et Sekhara, a déclaré que « le gouverneur de la Banque d’Algérie, le vice-gouverneur à cette période, les membres de la Commission bancaire et l’inspection générale assument une très grande part de responsabilité dans ce qui s’est passé dans cette banque car ils étaient informés des infractions bancaires ». Selon l’avocat, les dits responsables étaient au courant des infractions, mais « personne n’osait lever le petit doigt alors que Khalifa était à son apogée », attendant jusqu’à 2003 pour réagir et prendre les mesures nécessaires.
Affirmant l’irresponsabilité pénale des deux accusés, qui avaient, a-t-il dit, déjà alerté sur des « anomalies » à travers un premier rapport en 2000, qui n’a pas été pris en considération, il a précisé que « si la Banque d’Algérie avait agi à ce moment-là, on aurait évité la catastrophe ».
La veille, certains avocats ont mis en cause l’absence de hauts responsables au procès. « Nous savons que certains hauts responsables de l’Etat, dont les noms sont cités dans l’arrêt de renvoi, et qui sont toujours en poste, ne seront jamais devant ce tribunal. Nous vous demandons, M. le juge, de vous faire violence, en rendant justice. Certes, nous sommes tous égaux devant ce tribunal, mais permettez-moi de préciser qu’il y a et il y aura toujours d’autres qui ne sont pas et ne seront pas aussi égaux », a déclaré Miloud Brahimi. Il ajoutera que « quand le système Khalifa était une réalité pour tous, y compris pour les plus hautes autorités du pays. Abdelmoumen s’affichait avec elles. Il avait ramené Catherine Deneuve et s’affichait avec Pamela Anderson. J’aurais aimé être à côté de lui, mais malheureusement je ne le connaissais pas. Il avait signé un partenariat entre l’ENTV et Khalifa TV, et Mme Mentouri, la ministre déléguée aux réformes bancaires, avait encensé ses qualités dans toute la presse. C’est bien facile de parler de lui aujourd’hui. Mais, à l’époque, c’était une réalité ».
La veille, l’avocat général avait requis la réclusion à la perpétuité pour le principal accusé, Moumen Khalifa.
Essaïd Wakli