Secteur du BTP/ Fin du  feuilleton des «arriérés de paiement» ?

Redaction

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C’est un gros ballon d’oxygène pour les entreprises du secteur du BTP que vient d’annoncer le ministère de l’Habitat de M. Tebboune.

La Caisse nationale du logement (CNL) a débloqué, ces deux derniers jours, 74,6 milliards de dinars (environ 700 millions de dollars)  au profit des entrepreneurs et maîtres d’œuvre chargés de la réalisation des projets de logement dans les formules location-vente (AADL) et logements publics locatifs (LPL-social), a indiqué, hier, le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, dans un communiqué publié par l’agence APS.

Les montants  annoncés sont importants et les chiffres volontairement très précis: «74 604 397 810,74 DA ont été débloqués, dont 14 782 548 867,3 DA au profit des maîtres d’œuvre chargés de la réalisation de logements AADL, et 59 821 848 943,44 DA au profit des maîtres d’œuvre chargés de la réalisation des projets de logements LPL (social)», précise le communiqué.

Un millier d’entreprises en difficulté

Depuis le début du mois d’avril, les difficultés de paiement dans le secteur du bâtiment font régulièrement la «Une» de la presse nationale. «Plus de 1,2 milliards de dollars d’arriérés»  avaient annoncé des sources non identifiées dès le milieu du mois dernier. Une situation, qui pénaliserait très fortement les entreprises du secteur, serait à l’origine de l’arrêt de beaucoup de chantiers et la cause des retards de livraisons de nombre de programmes. On annonçait même ces derniers jours que près d’un millier d’entreprises du secteur serait au bord de la faillite en raison des retards pris par l’Etat dans le paiement de leurs travaux.

Une situation d’ailleurs  confirmée encore la semaine dernière par le ministère de l’habitat lui-même. Selon un communiqué du ministère d’Abdelmadjid Tebboune, «le manque de financements des travaux d’aménagement extérieur et de voirie entrave la livraison de 164 000 logements de différentes formules (location-vente, LPP, LPL) à travers le territoire national». Par ailleurs, 185 000 logements dont le taux d’avancement des travaux dépasse 60% pâtissent du manque de ces mêmes financements, ajoutait un communiqué rapporté par Algérie Presse Service.

Le ministère des Finances, par le biais des déclarations de plusieurs hauts fonctionnaires, avait répondu, voici quelques semaines, à ces mises en cause en indiquant, en substance,  que «toutes les situations des chantiers à fin 2016 ont été liquidées. Les retards qui portent  uniquement sur les paiements au titre du premier trimestre 2017 doivent être  réglés avant le mois de ramadan».

La CNL, bras financier de l’Etat pour le logement  

Une première enveloppe donc de 700 millions de dollars pour un secteur qui est un gros consommateur de crédits. Le financement du logement en Algérie était, en 2016, de plus de 477 milliards de dinars (environ 4,5 milliards de dollars) de ressources fournies par le Trésor public à la Caisse nationale du logement qui est le bras financier de l’Etat dans le domaine du logement. On connait la structure de ces dépenses. Les programmes de réalisation de logements sociaux locatifs (LPL) entièrement financés par les ressources du Trésor public et qui portent, bon an mal an, sur plus de 50 000 unités, ont été dotés de plus de 150 milliards de DA. Le «logement public aidé» en milieu rural et urbain a reçu, pour sa part, un peu plus 300 milliards de DA constitués essentiellement de l’«aide frontale» de 700 000 dinars accordée par la Caisse nationale du logement dont le dispositif  a été étendu, en août 2014, aux opérations de réhabilitation des logements collectifs lancés (et accélérés dernièrement) dans les grandes villes algériennes. Il faut y ajouter les bonifications sur les taux d’intérêt des crédits immobiliers qui sont également prises en charge par le Trésor public.

Pas d’explications pour un «léger retard»

Après l’annonce d’hier, les problèmes de financement du secteur sont-ils pour autant réglés? Pas sûr. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir à la fois pour le budget de l’Etat et pour les banques publiques avant de boucler l’ensemble des financements prévus pour  l’année en cours. Il reste aussi à expliquer pourquoi c’est seulement à la fin du mois de mai que les premiers financements au titre de 2017 sont enfin rendus disponibles. Une situation que les responsables du ministère des finances ont qualifié de «léger retard» sans juger utile de fournir des explications supplémentaires.

Hassan Haddouche

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