Avant son lancement officiel, le Salon International du livre d’Alger (SILA) est déjà marqué par un grave acte de censure. Deux intellectuels, qui avaient appelé à l’application de l’article 102 et à l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, se sont vus interdits de participation. Ils ont pourtant été dûment invités et sont attendus, le 1er Novembre, pour une table-ronde sur la lutte contre le colonialisme.
Dans un communiqué, publié par El Watan, Daho Djerbal et Aissa Kadri, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, indiquent qu’ils «viennent d’être informés par un appel téléphonique de la part d’un membre officiel du comité d’organisation, de l’annulation de leur participation». Le document, co-signé avec les universitaires Mohammed Hennad et Ratiba Hadj-Moussa ainsi que les journalistes Cherif Rezki et Mustapha Benfodil, ajoute que «cette décision, non transmise par le même canal que l’invitation officielle, relève à notre sens, si elle est avérée, au-delà d’une censure intellectuelle, d’une vengeance de bas étage, contre des signataires d’un appel à une sortie de la crise «existentielle» que vit le pays à travers la mise en place d’une transition consensuelle».
Daho Djerbal et Aissa Kadri estiment que cette interdiction «témoigne de l’approfondissement de la dérive d’une autorité gouvernementale aux abois, autiste, qui n’a comme réponse aux demandes sociales de participation, que l’exclusion ou la répression».
Contactés par El Watan, les responsables du SILA n’ont avancé aucun argument.
Rania Aghiles