Situation explosive au sud de l’Algérie / Un influent organisme international tire la sonnette d’alarme

Redaction

Chomeur Sud Algérie

L’International Crisis Group (ICG) est un Think Tank dont la vocation est de « prévenir et de résoudre des conflits ». Basé à Bruxelles, capitale européenne, l’ICG est réputé pour la qualité de son travail et l’expérience des hommes qui le compose. En outre, l’organisation possède suffisamment de fonds pour envoyer ses analystes en Asie centrale, Afrique australe, Amérique du Sud ou encore au Moyen Orient. Elle gère également 11 bureaux de terrain à Amman, Belgrade, Bogota, Nairobi, Osh, Islamabad… 

Et cette fois-ci, cet influent Think Tank s’est intéressé de près à la situation au sud de l’Algérie. Dans son rapport, il met en garde contre une situation vraiment explosive dans cet partie de notre pays. « Sud de l’Algérie, turbulences à l’horizon », rien que l’intitulé de ce rapport en dit long sur les risques encourus par nos autorités dans ces régions du sud qui concentrent 36% des localités les plus pauvres de tout le territoire national. Émeutes, problèmes sociaux qui alimentent la tentation séparatiste, risques terroristes, jeunesse désorientée et perdue, des infrastructures publiques déficientes, le sud de notre pays réunit tous les éléments d’une véritable poudrière qui peut saper la stabilité du pays. Nos confrères de Mondafrique ont épluché ce rapport et nous offre cette synthèse qu’il faudra absolument lire pour anticiper les dangers et éviter le pire :

« Dans un rapport intitulé « Sud de l’Algérie, turbulences à l’horizon », le think tank ICG s’intéresse aux origines de ces soulèvements qui se sont multipliés depuis 2013 dans les villes de Ghardaïa, In Salah et Ouargla, en plein cœur du Sahara. Des troubles dus en partie aux nombreux changements qui traversent actuellement cette région longtemps délaissée par l’Etat central.

En phase d’urbanisation intense, le sud algérien regroupe seulement 10% de la population totale du pays mais compte 36% des localités les plus pauvres du territoire. En outre, les bouleversements sociaux dans le sud algérien sont aujourd’hui symptomatiques de l’incapacité des autorités algériennes à répondre aux revendications des populations de cette zone autrement qu’à travers la distribution d’avantages et de prébendes ou par la répression. Des méthodes pointées comme insuffisantes à l’heure où le pays traverse une période d’instabilité alimentée, d’une part, par la baisse des prix du pétrole qui ne permet plus au régime d’acheter systématiquement la paix sociale et, d’autre part, la guerre de succession au président Abdelaziz Bouteflika.

Depuis 2013, la province de Ghardaïa, qui compte près de 360 000 habitants est le théâtre de violences sanglantes entre communautés arabes et mozabites – un groupe berbère adepte de l’Ibadisme, un courant de l’Islam. Les tensions se sont accélérées à partir de novembre 2013 lorsqu’à la suite d’affrontements après un match de football dans la ville de Guerrara à un centaine de kilomètre de la ville de Ghardaïa, les forces de l’ordre ont été accusées par les communautés mozabites d’intervenir en faveur des communautés arabes.

« Le mois suivant, des manifestants mozabites ont fait fermer le centre ville de Ghardaïa en exigeant des autorités qu’elles rendent publique les procédures d’attribution de logements et de terrains publics. Après la réouverture de la zone par la police, les commerces Mozabites ont été brûlés, donnant lieu ensuite à des représailles. Au total, quinze personnes sont mortes dont une majorité de Mozabites » rappelle le rapport. Depuis, les quartiers accueillant autrefois différentes communautés se sont progressivement ghettoisés et des groupes d’auto défense mozabites se sont formés.

Par ailleurs, outre leur opposition frontale, Arabes et Mozabites font face à d’importantes divisions internes.

« Alors que les conditions sociales et économiques se sont dégradées, les élites Mozabites (…) ont perdu les liens qu’elles avaient noué avec les jeunes ». Incapables de protéger les membres de la communauté et perçues comme étant cooptées par l’Etat, les autorités traditionnelles perdent du terrain au bénéfice d’autres activistes tels que Fekhar Kameleddine, un médecin qui a fondé le « Mouvement pour l’Autonomie du Mzab » et a écrit au Secrétaire général de l’Onu pour dénoncer une campagne de « nettoyage ethnique » menée par l’Etat algérien.

De son côté, la communauté arabe est éclatée entre tribus Chaamba, Medebi, Said et Mokhadema. « En général, celles-ci ont tendance dernièrement à glisser vers le satanisme et comptent même quelques éléments très militants. Par exemple, des appels à la violence ont été lancés par Ahmed Seqlab, un jeune imam formé en Arabie Saoudite, très suivi sur les réseaux sociaux. Egalement, la chaîne de télévision par satellite privée, Iqraa, sous influence saoudienne et populaire chez les mouvements salafistes algériens a ordonné la diffusion d’une fatwa prononcée par un religieux algérien qui a déclaré que les adeptes de l’Ibadisme étaient les « ennemis d’Allah ». »

Les tensions entre Arabes et Mozabites s’expliquent également par l’emprise plus forte de ces derniers sur le commerce local. « Ils bénéficient par ailleurs de certain droits exclusifs en tant que minorité ; écoles et mosquées mozabites privées ne font l’objet d’aucun contrôle de l’Etat contrairement aux écoles et mosquées arabes. Pourtant, les communautés arabes ont tendance à se sentir représentées par l’Etat algérien. En ce sens, l’autonomie culturelle des Mozabites n’est pas vu comme un modèle à imiter mais bien plutôt comme une menace à contenir avec l’aide de l’Etat ».

Enfin, la réapropriation du conflit par des partis politiques algériens qui capitalisent sur le sectarisme aggrave nettement la situation. « La section locale du FLN, parti national majoritaire en Algérie, a longtemps été dominée par la puissante tribu arabe Chaamba qui combine une identité culturelle et nationaliste arabe avec des méthodes parfois brutales. Les plus radicaux ont affabli les élites mozabites traditionnelles qui se sont rangées du côté du discours modéré du deuxième parti du pays, le Rassemblement national démocratique (RND). Fekhar Kameleddine, de son côté, a noué des liens avec le Front des Forces Socialistes (FFS), un parti historique d’opposition pro-berbère, avant de fonder sa propre formation politique séparatiste ».

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