«La mauvaise santé de Bouteflika tient le pays en otage», affirme Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Culture et de la Communication et figure de l’opposition au régime du chef de l’Etat. Cet énarque mesuré, qui a été plusieurs fois ambassadeur, est sorti de sa réserve pour dénoncer la situation dans laquelle se trouve le pays. Une situation aggravée, selon lui, par l’état de santé du chef de l’Etat.
«Le Président ne s’adresse (pas) directement à la nation depuis le 8 mai 2012, réduisant la vie politique aux échéances électorales sans surprise ni enjeux majeurs, à la rumeur et à l’absence de cette visibilité qui fait la force des Etats et donne de l’espoir aux peuples. L’absence à ce niveau de responsabilité participe à l’effritement de la cohésion nationale, qui reste pourtant la mission cardinale du chef de d’Etat qui incarne l’Etat dans le pays et à l’étranger» », écrit en effet Abdelaziz Rahabi dans une contribution publiée lundi dans le journal El Watan.
«En principe, il arrête et conduit la politique extérieure de la nation; en réalité, il ne reçoit plus ses pairs et ne voyage plus, devenant paradoxalement le premier responsable direct de la sous-représentation diplomatique de l’Algérie et le maillon faible de notre action diplomatique au lieu d’en être l’inspirateur et le moteur», ajoute l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid. Il cite l’exemple de 70 ambassadeurs qui attendent toujours d’être reçus par le chef de l’Etat, mais en vain.
L’homme politique s’interroge, en outre, sur le sort réservé à Abdelaziz Bouteflika et les causes qui le poussent à s’accrocher au pouvoir. «Notre Président a-t-il manqué de dignité en se comportant de la sorte ? On peut raisonnablement le penser quand on voit que sa mauvaise santé, outre qu’elle tient le pays en otage, donne de lui-même une image qui n’est pas à la mesure de son parcours. Ses proches ont-ils également manqué de considération pour leur aîné au point d’exposer publiquement ses fragilités à la seule fin de continuer à exercer le pouvoir réel par délégation familiale ou par défaut pour les autres cercles du pouvoir ?», écrit-il.
En revanche, Abdelaziz Rahabi refuse de suivre ceux qui appellent l’armée à intervenir pour renverser le chef de l’Etat.
Rania Aghiles