Sous l’intitulé Bourguiflika (contraction de Bourguiba et de Bouteflika), le brillant universitaire algérien, Nacer Djabi, a signé un article, paru ce lundi, dans les colonnes du quotidien londonien Al-Quds Al-Arabi, traitant de la situation politique actuelle en Algérie. Pour le sociologue, la déliquescence des institutions et la guerre des clans en vue de s’accaparer du pouvoir renvoient à la fin de règne du président tunisien Habib Bourguiba.
Nacer Djabi pense que la situation politique en Algérie est à tous points de vue similaire à celle qui prévalait en Tunisie en 1987, avant que Zine El Abidine Ben Ali ne s’accapare tous les pouvoirs. M. Djabi a soutenu qu’à la fin de leur règne, les deux hommes avaient réussi à concentrer tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, entre leurs mains, vidant les institutions de leur substance. Selon lui, ces deux présidents ont œuvré pour faire le vide autour d’eux en neutralisant tous les contre-pouvoirs, élus soient-ils ou institutionnels: le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) en Tunisie, et l’ANP en Algérie.
Le sociologue a dressé le portrait des deux chefs d’État malades en proie aux velléités de leurs proches de s’approprier leurs prérogatives. Des personnes qui ont pu agir en toute impunité dans une conjoncture marquée par une absence totale des institutions. En Tunisie, c’est la nièce de Bourguiba, Saïda Saci, qui s’était approprié les pouvoirs de son oncle alors qu’en Algérie, c’est Saïd Bouteflika, le frère cadet du président, qui a fait de même. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en Tunisie, explique-t-il, rappelant que c’est Saïda Saci qui a imposé Ben Ali, lorsqu’il est devenu évident que Bourguiba a perdu toute crédibilité.
À en croire le Nacer Djabi, ce scénario est tout aussi probable en Algérie. Ainsi, la crise actuelle est alimentée par la crainte de chaque clan de voir ses privilèges disparaître et sa position affaiblie. À son sens, c’est une véritable guerre pour la survie qui se déroule actuellement en Algérie.
Massi M.