Ali Benflis a fait preuve d’une démonstration de force ce jeudi 27 mars à Tlemcen lors d’un meeting . Le candidat très populaire en région a voulu prouver que même dans le fief d’Abdelaziz Bouteflika il avait ses soutiens.
Ali Benflis a décidé de laisser sa marque dans chaque wilaya de pays. Encore dans la wilaya de Tlemcen, au vu de son attachement au Président sortant originaire de la capitale des Zianides. Pas de doute à Tlemcen, ici c’est le fief du Président-candidat. Dès l’entrée, on peut voir des affiches de campagne géantes d’Abdelaziz Bouteflika placardées sur les façades et mêmes sur celles des bâtiments municipaux. En plus des panneaux d’affichage légaux prévus dans le cadre de la campagne présidentielle, le slogan de campagne et le visage du chef d’Etat ont envahi la ville. La visite de Benflis était donc un test, et d’autant plus au lendemain du passage d’Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika.
L’équipe de campagne d’Ali Benflis confiante pour cette visite avait quand même pris le soin d’encadrer au maximum la visite de leur candidat dans la ville choyée par Abdelaziz Bouteflika : fort dispositif sécuritaire, privé et policier avec à son arrivée comme à son départ un cortège digne d’un chef d’Etat.
Seul incident, une dizaine de manifestants pro-Bouteflika qui ont tenté de perturber la rencontre politique en chantant des slogans de soutien pour le Président sortant. Un bref mouvement vite évincé par l’important comité d’accueil qui attendait le candidat avec orchestre traditionnel et jeunes filles habillées en chedda tlemcenienne.
C’est dans cette ambiance de fête qu’Ali Benflis est arrivé avec un air confiant, motivé par la foule qui se bousculait pour entrer dans la salle de meeting archi-comble. Parmi eux, des militants de la ville de Tlemcen, mais aussi d’autres originaires – en grande partie – des wilayas environnantes venus en délégation.
Benflis a également suscité la curiosité des supporters de Bouteflika. « Sincèrement nous aimons Bouteflika, et nous voterons pour lui mais nous voulions découvrir ce qu’Ali Benflis, au même titre que n’importe quel candidat », expliquent Amine, 27 ans et Mohamed 28 ans. Alors que Malek, un autre Tlemcenien – qui ne se présente ni comme pro-Bouteflika ou pro-Benflis – est venu écouter le discours du candidat et s’est indigné que « les radios locales aient consacré une large couverture médiatique à la venue d’Abdelmalek Sellal. Alors que le jour de la visite Ali Benflis ils ont passé de la musique andalouse toute la journée. Honte sur vous ! »
Le droit des Algériens avant tout
Outre le spectacle pour accueillir le candidat, le discours de ce dernier était très attendu. Quelle partie de son programme allait-il adressé aux Tlemceniens ? Le projet d’une nouvelle Constitution a été le maître de mot de son allocution. « J’ouvrirais le chantier d’une constitution », a-t-il déclaré. Un projet de constitution prévu dans son programme électoral dans lequel « le président écoutera tous les acteurs politiques » pour sa révision et sans distinction : opposants, partis, citoyens, moudjahid… a promis Ali Benflis à son audience qui comptait des électeurs très assidus à chaque rendez-vous électoral. L’heure est au changement, à la « transition » d’après l’ex-candidat déçu de l’élection présidentielle de 2004, qui ne s’est pas dédouané des erreurs du passé. « C’est notre passé nous l’assumons, mais il faut tourner la page », a-t-il concédé.
Il a de nouveau prôné les valeurs d’une justice libre, son thème de campagne de prédilection. Luttant ainsi pour que les « magistrats soient libres et indépendants », ou encore contre le détournement de l’argent public et la corruption. « L’argent de l’Algérie n’est pas celui de l’Etat, il est celui du peuple », a-t-il insisté.
Moi Président, sans mes proches
Sans jamais citer directement Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis s’est permis quelques critiques indirectes. En affirmant que si le peuple algérien l’élit, il sera le seul élu, et n’imposera pas son clan. « Ma famille ne se mêlera pas des affaires de l’Etat. On appelle ça le mélange des genres dans lequel on y fait rentrer les amis, la famille. Moi je ne ferais jamais ça », a-t-il insisté. Ali Benflis disparu depuis l’élection de 2004 a répété qu’il ne se battrait pour ce nouveau scrutin et pour réaliser son projet pour l’Algérie. « J’irais jusqu’au bout de cette élection! » a-t-il lancé à l’assistance, qui a répondu par une salve d’applaudissement.