Cinquante-cinq ans après les massacres d’Algériens à Paris, qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de l’Algérie, ce « crime d’Etat » reste occulté malgré les appels incessants d’historiens, de témoins et des familles de victimes d’ouvrir les archives de la brigade fluviale.
Considéré par des historiens comme « la répression d’Etat la plus violente qu’ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine », ces massacres continuent à hanter la mémoire collective française et les officiels n’osent pas, pour l’instant, ou ne veulent pas reconnaître ce crime contre des Algériens à qui un couvre-feu leur a été imposé par le gouvernement français de l’époque.
Même si le président François Hollande a fait un « effort », selon des observateurs, sur la question mémorielle liée aux crimes de colonisation française contre les Algériens, « il n’osera pas aller au-delà », estime-t-on. Ils citent pour preuve son revirement concernant la journée du 19 mars et sa dernière déclaration relative aux harkis.
Organisée par la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), la manifestation pacifique des Algériens, hommes, femmes et enfants, pour boycotter ce couvre-feu discriminatoire, a été réprimée dans le sang par la police française qui avait ouvert le feu, tuant des manifestants dont des dizaines ont été jetés dans la Seine. Le bilan était lourd du côté des Algériens : une centaine de morts, des centaines de blessés et plus d’une centaine de disparus.