Parmi les méthodes utilisées par l’administration coloniale pour asseoir son autorité, la propagande a pris une place de choix. Cette situation s’est accentuée avec l’apparition des premières actualités filmées en France.
C’est le cas de ce document qui circule actuellement sur les réseaux sociaux. On y voit un documentaire daté de 1946 qui parlait de La Kabylie de l’époque coloniale. Le document, conservé par l’Institut national de l’audiovisuel, présente ainsi les nombreuses facettes de la Haute Kabylie, en démarrant de Tizi-Ouzou., On y voit en effet des scènes de vie, à l’image de ce grand Souk de Tizi-Ouzou, ou encore de la placette de Larbaâ Nath Irathen. On y aperçoit également des « vues pittoresques » d’une Kabylie à la nature sauvage. On y croise des paysans qui n’ont de biens que de petites chèvres ou encore des familles entières qui s’adonnent à la cueillette des olives. Le documentaire montre également des images rares sur les presses à olives manuelles qui n’existent plus de nos jours.
https://www.youtube.com/watch?v=I3LTysiE5xc
Mais derrière ces images nostalgiques se cache une vraie propagande. Le commentateur s’intéresse aux routes « qui ont montré leur utilité », oubliant de préciser qu’à cette époque, il n’y avait qu’une seule route. Pis, le journaliste, tout acquis à la cause de son pays colonisateur, tente de démontrer les « bienfaits » de la colonisation qui a «construit les écoles » et « bâti des bâtiments modernes ». Il a oublié de montrer la population qui mourait de faim et de pandémies, des paysans à qui l’administration coloniale ôtait tout, y compris les quelques vivres qui leur restaient. Le documentaire était pratiquement une réponse au célèbre reportage d’Albert Camus écrit une année plus tard et qui avait comme titre : « La misère de la Kabylie ».
Ce documentaire, qui porte certainement des trésors d’images inestimables, est une preuve que l’administration coloniale n’avait qu’un seul objectif : rester le maître de l’Algérie le plus longtemps possible.
Essaïd Wakli